Art & Réalité
Les œuvres créées dans la foulée d’une résidence comportent un certain niveau de risque pour les artistes.
Souvent imprégnées de l’idéologie généreuse qui sous-tend ces accueils, elles se trouvent à la croisée de divers impératifs plus ou moins consentis : adaptation, ouverture, participation, inclusion, renouvellement des pratiques… Selon les cas, on peut lire dans les productions l’impact de cette expérience de l’immersion et du décentrement : un renouvellement positif de la pratique et des effets d’enrichissement dus à la rencontre, mais parfois aussi des effets instrumentaux ou des échos simplistes. (Voir à ce propos : http://savoiraupresent.fr/les-arts-plastiques/residences-artiste/genese-residences-dartiste/)
Lors de son exposition en Abkhazie en 2016, Beat Lippert a certainement été traversé par le flux d’étonnement procuré par toute résidence, même s’il était informé de la situation Abkhaze. Sa proposition aux commissaires Asida Butba et Tanya Ergunova, d’une simplicité radicale, a dévié de toutes les trajectoires attendues. Évitant d’exposer une pièce comme on l’entend habituellement – installer une œuvre destinée à être regardée – il a proposé une forme invitante, apte à provoquer la rencontre avec les habitants : il a convié le public à déposer des tapis au centre d’art pour créer un jeu de boules.
En reprenant ainsi à la racine les représentations sur l’art et sa fonction, il montre plusieurs de ses propres ancrages artistiques et politiques, et incorpore, aux sens propre et figuré, la situation particulière de cet environnement nouveau pour lui…
Extrait du texte : Y a-t-il un pilote sur le tapis volant ?
Par Françoise Lonardoni pour la publication 2022 “Comment prendre contact avec la réalité en utilisant l’art et un tapis volant” Editions Ripopée
“GAMBIT” texte intégral pour l’exposition à la Galerie Roger Tator par Tania Hautin Trémolière